label AT(h)OME
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Darcy et BGP Music Live, ça commence à ressembler à une belle histoire d’amour sur le long terme (pour preuve : on leur consacre une semaine dédiée à partir du 14 février).
Le genre de truc qui ne faiblit pas et où la routine n’existe pas. La rencontre c’était il y a deux ans, au Strange Festival, tu sais le seul fest estival de 2020 !
Et depuis, il y a eu les sorties, les singles, les clips, le live au Trianon avec cette interview intimiste sur les marches de l’escalier avec cette promesse d’être là à la sortie de cet album, « Machines de guerre ». Et on est là, la famille !
Bon allez, l’intro Saint Valentin, c’est fait. Revenons à du plus lourd. Alors, je te remets dans mon contexte pour Darcy, parce que des chroniques sur cet album, je suis certaine que tu vas en lire plein. Le groupe commence à avoir une belle notoriété bien méritée et surtout, comme on va le voir après, y a du niveau !
Donc on n’a pas fini d’en entendre parler.
Perso, j’ai épuisé « Tigre », leur premier EP. Le punk rock, c’est ma came, les textes d’islamo-gauchistes aussi ! Et cet EP, et bien on peut dire qu’il sortait du lot. La voix d’Irvin était vraiment particulière, le son de certaines pistes dénotait dans ce genre, et les textes sérieux… Là aussi, on était loin de certains poncifs : va écouter « Fangio » par exemple si tu ne connais pas encore.
Enfin des compos avec des vrais messages, écrites par des personnes qui savent de quoi elles parlent ! « Mais tu n’es pas sensée chroniquer « Tigre » normalement hein… » tu me diras. Et je te répondrais que non, effectivement, mais je t’ai dit que je remettais dans un contexte, et je fais ce que je veux, c’est ma chronique d'abord !
Donc, j’arrive je me rends au concert du Trianon de décembre dernier (et tu peux aller lire le live report et admirer les photos de Ben d’ailleurs si ce n’est déjà fait) avec ma curiosité puissance 10 000 pour savoir ce que peut donner ce groupe et ses chansons si particulières en live…
Et là, bam ! En fait je découvre les deux tiers de « Machines de guerre » dont on va parler maintenant (mais la version de « Fangio » en live déchire, soit dit en passant).
Alors la curiosité s’inverse : mais que vont donner ces pistes, clairement taillées pour le live, en version studio ? Vais-je vraiment faire une chronique 10 étoiles comme je l’ai dit dans un moment d’émotion sur les marches du Trianon ? Et bien réponse maintenant !
Alors, « Machines de guerre », c’est déjà une belle promesse par sa pochette.
C’est beau, simple, graphique et efficace. Avec le visuel cumulé au titre, on sait déjà qu’on n’est pas invité à aller conter fleurette au bord de l’eau pour ces 14 pistes.
On se lance avec l’intro. J’aime bien quand il y a des intro, ça présage aussi des interludes (spoiler, il y en a effectivement deux). Ça donne une impression de construction qui n’est pas pour me déplaire car on n’attend pas vraiment ça dans un album punk. Et j’aime bien les contradictions. Je pense d’ailleurs qu’on peut davantage parler de « plan d’attaque » que de « construction », l’écoute me le confirmera, ou pas. L’intro donc disais-je (ouais, on aime bien faire long chez BGP parce que… tu connais l’adage !) … L’intro est puissante. Rien à voir avec l’attendu : des sons bien électro, lourds. En fond, des bruitages de guerre, des extraits de JT. On est bien au début d’une guerre et on commence à entrevoir qui est l’ennemi.
Elle s’enchaîne avec « Cuidado » (« Fais attention » en espagnol, de rien) et son riff typique du genre. Et bien non, changement de cap direct : le riff suivant devient carrément metal. C’est clairement « l’heure de rendre les coups » comme ça dès le départ. On n’a pas le temps de tourner autour du pot avec Darcy ! Et on en prend pour son grade : c’est le but. Les paroles parlent de l’inaction de certains, et du réveil d’autres. Le morceau est lourd, vraiment metal dans l’âme que ça soit au niveau de l’instru ou de la voix par moment et invite à l’action dans ses riffs plus punk et son chant en espagnol à d’autres. La cible est verrouillée : l’inaction représentée par la société de consommation, la violence du système et de sa police, le gouvernement, les politiques en général. Cette piste est faite pour nous réveiller dès le départ, dans tous les sens du terme. Et ça marche !
« Solution » arrive avec un son plus old school dans son intro. Je retrouve dans le texte de cette chanson tout ce que j’ai pu ressentir en live : la rage oui, mais aussi le plaisir communicatif d’être ensemble, la force de la communauté, la fête dans la lutte. Les Darcy chantent « comme [ils partent] au combat ». Et bien évidemment pour aller avec ça, tu ajoutes un rythme très sautillant, un refrain efficace, un chœur qui peut allègrement être repris dans une fosse, la pinte à la main. Et t’obtiens un hymne qui te mets une belle patate même tout seul dans ton salon. Je t’en recommande une dose tous les matins au réveil !
Arrive le titre éponyme, « Machines de guerre », Et ça bourrine direct ! On sent l’inspiration typique No One, Tagada, etc. dans ce morceau, que ce soit au niveau de la musique et du texte. Là aussi, c’est efficace : riff bien rapide, basse très présente, refrain entraînant, chœur à reprendre pour de bons moments de communion en live.
On garde cette belle énergie pour « Viens chercher pogo » et son titre empli de belles promesses d’envies de remuer la tête et de bagaaaaarre ! A noter que ce morceau est en featuring avec Kemar de No One is Innocent (mais avais-je vraiment besoin de préciser qui est Kemar ?). Et j’aime ce morceau dès les premières secondes, parce que, la violence quoi ! Et ce cri, magique. Ici aussi, sacrée présence de la basse. Mais vraiment, j’adore ce morceau (ndlr. je te rappelle que j’écris pendant que j’écoute donc parfois, y a que les tripes) : hymne parfait pour toute personne qui aime la musique avec des grosses guitares dedans, qui aime l’ambiance de la fosse quand le concert commence à être bien chaud, et qui aime au passage faire des gros doigts à de nombreuses instances diverses et variées. Autant te dire que pour moi, c’est combo gagnant !
Le premier interlude arrive et ce n’est pas un mal : l’énergie de Darcy est communicative et je commençais à regarder mon chat de travers histoire de le chauffer pour qu’il ait envie d’en découdre un peu... Mais il n’a pas l’air très branché pogo le bougre ! Je ne vais pas te le spoiler, mais moi il m’a foutu les poils. Beau et dérangeant à la fois, et pourtant totalement minimaliste. Hypnotique et flippant.
L’enchaînement avec « Rediaboliser » est logique (tu comprendras à l’écoute). On est donc bien dans un plan de bataille (j’espère que tu suis, hein !). Cette piste tu la connais sûrement déjà : la vidéo lyrics est déjà dispo. Si ce n’est pas le cas, je t’invite à aller la regarder (et à revenir juste après, je n’ai pas fini !) car les visuels comme la piste valent le détour. Cette chanson est pour moi une nécessité et devrait être déclarée d’intérêt public. Donc tu la partages à tout le monde et tu portes le message. Merci d’avance à toi qui me lis.
On reste en terrain connu avec « la Force », sorti il y a déjà quelques mois. Et c’était carrément logique que ça soit le premier single parce que, pour quelqu’un qui ne connait pas le groupe, c’est un parfait résumé de son esprit général et de la sonorité globale de cet album.
Nouveau featuring avec Niko de Tagada pour les chœurs de « l’Etincelle au brasier ». Et on sent bien la patte Tagada. Le son est à nouveau plus metal (ce break guitare et ce riff, cette batterie, miam), la voix plus criée. Je recommence à regarder mon chat du coin de l’œil…
J’attendais « LBdance » pour des raisons perso de squattage intensif de manifs dans un passé pas si lointain (tu sais, l’époque avant le covid) et je ne suis pas déçue. Le chant et la basse se répondent parfaitement. Le refrain est parfait (haha). Le rythme de la voix, hyper scandé, rappelle justement fortement l’esprit manif. Je vais clairement avoir besoin d’une verveine après cet album pour redescendre !
Et bien justement, c’est le moment du second interlude. Plus court, plus direct.
On enchaîne avec « notre Hymne » en featuring avec Pierre de Merzhin. C’est un petit bijou punk. Elle m’avait foutu les poils en live, elle me fout les poils dans mon salon. Je suis totalement amoureuse du texte et de la mélodie. Le mélange des voix est parfait. Ma préférée pour cet opus.
« Police partout » … justice nulle part (j’étais obligée, toi-même tu sais hein). Une mélodie et une énergie qui à mon sens est différente des autres chansons : c’est encore plus incisif, direct. Ne te fie pas au titre, le texte tape plus large. C’est ça, elle tape celle-là. Mention spéciale au batteur ici !
On termine avec « Eva » que j’écoute pour la première fois. Je retrouve dès les premières secondes les émotions que j’avais ressenties sur « Tigre », très différentes de celles que j’éprouve sur cet opus. Je n’ai pas réussi à écrire pendant l’écoute alors que je l’ai fait pour toutes les autres. Et pourtant, les ballades, les chansons d’amour, ce n’est pas mon truc. Et pourtant : merci pour l’intelligence du texte, pour le travail sur la langue, la juste énergie de la voix, le tout simplement porté par une guitare acoustique. Magnifique morceau, totalement à part. Claque incroyable en apothéose pour la dernière piste de cet album.
Et c’est déjà fini.
Cet album fera le bonheur de ceux qui apprécient les groupes de punk metal à la Tagada Jones, No one is innocent et consort, que ce soit dans sa musicalité ou ses paroles. Mais pas que, parce que je trouve Darcy assez à part dans sa démarche et dans son esprit. « Nos voix sont des machines de guerre » scande Irvin, il est évident que c’est le fil conducteur de cet album : le combat non pas revanchard mais juste, le combat par l’union. Et leur contribution à cette union, c’est la musique. C’est la communauté, et donc les concerts. Vas voir Darcy en live, crois-moi l’expérience ne serait pas totale sinon ! Darcy, avec cette chronique, je ne vous donne pas 10 étoiles comme je l’avais annoncé, mais un cœur au moins aussi énorme que le vôtre.
Elodie Del
Pour BGP MUSIC LIVE
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