7 Septembre 2023
Label/Production : Almost Famous
Distribution : Season of Mist
Artwork : Anthony RIPOLL
Hello jeune Sith,
Ça faisait longtemps que je n’avais pas écrit et je suis bien content de te retrouver autour d’une petite chronik.
Et pour de bonnes retrouvailles, rien de tel qu’un bon death metal Frenchy.
De plus, comme d’habitude, je n’ai pas hésité, pour ton plus grand bonheur (enfin j’espère), à creuser le travail des artistes et à aborder la forme, comme le fond, de ce nouvel opus de TEMPT FATE. Bon, je ne te cache pas, ça n’a pas été une mince affaire pour le coup, les échanges ayant été aussi intéressants que fournis !
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas TEMPT FATE, petit flashback rapide en guise de rattrapage :
Originaire de Toulouse, la formation, créée en 2014, n’en est pas à son coup d’essai car elle a déjà à son actif 2 EP et un album dans un pure style death metal assaisonné de quelques touches modernes typées deathcore.
Et ça marche très bien ! Car même si les musiciens se disent inspirés par des piliers comme Benighted, The Black Dahlia Murder… force est de constater que le groupe possède clairement sa propre identité. Essai largement transformé selon moi (Toulouse – Rugby – coupe du monde… ok je sors).
C’est simple, les morceaux sont variés, l’ensemble est cohérent et s’enchaine parfaitement bien. En bref, sur ces 30 minutes, on ne s’ennuie pas et on en prend plein la pomme ; gros riffs, growl et tempos rapides étant au programme.
Mais si tu crois que seule la musique est violente, et bien tu te trompes du tout au tout. Car comme d’habitude, ton humble serviteur ne s’est pas arrêté au « son » mais il a sondé un peu le « but artistique » de cet opus. Et à ce sujet, je peux te garantir qu’on n’est pas sur des paroles basiques « gores » ou « volages » comme rencontrées la plupart du temps dans ce style, mais bel et bien sur un voyage dans les tréfonds de la psychologie humaine. A l’instar du précédent album, tu ne seras pas très à l’aise.
Toutefois, avant de s’attarder sur les morceaux, jetons un œil sur la pochette qui dénote par rapport aux productions actuelles, de plus en plus bouffées par l’intelligence artificielle notamment, et c’est tant mieux ! Ici, pas de fioritures informatiques, pas de montages, tout a été réalisé sur toile par le bassiste Anthony RIPOLL. Il était important pour le groupe de maîtriser l’ensemble de leur projet de A à Z et l’artwork en est le parfait exemple. Le graphisme colle bien au sujet, symbolise à la fois (Comme le note Pilaff, guitariste) « l’unité et le déchirement interne, du corps, de l'angoisse, du trauma, du clivage et de la dissociation, de la question du passage à l'acte pour tenter de trouver une solution d'apaisement... la question est donc celle de parvenir à réunir, à l'endroit du déchirement ». D’autre part il ajoute : « la musique est toujours associée à un visuel, il était question pour le groupe de vivre l’expérience dans sa totalité, sans la confier à quelqu’un d’autre » et « Cette pochette est prise dans le même processus de création que les morceaux et textes de l'album, elle a fait débat, longuement, de la même façon que nous traitons le conflit psychique selon le thème de l'angoisse dans notre musique ».
Tu es prévenu ;)
Quand je disais que pour TEMPT FATE, il y a de la forme mais aussi du fond, ce n’est pas un vain mot.
Pour preuve également sur le sens global des textes, les mots et leur(s) sens comme lien ; mais lorsque ce concept est remis en question, quid de la réponse… et tu sais très bien que le conscient et l’inconscient vont chercher des réponses, quoiqu’il en coûte.
Il est donc là, le fil conducteur de ce « HOLY DEFORMITY ». Ce côté sacré, « HOLY », comme « tentative de capitonnement du corps ». Le concept est au final flou, mais ce côté suspendu permet à chacun de s'y projeter, cela permet un « brin de poésie, un brin de ruse et de ligne directrice lorsque le symbolique nous fait défaut... ».
Tu comprends pourquoi j’ai mis un peu de temps à sortir cette chro, hein ! Car cet opus, quand on l’explore comme il se doit, apporte davantage de questions que de réponses… et c’est là toute la beauté de ce nouvel album de la formation Toulousaine. De la beauté dans le death metal ? Et bien pourquoi pas, même si les thèmes sont lourds de sens.
Comme l’évoque également Pilaff : « L'inspiration est trouvée dans son histoire, celle de ses proches, ses amis, ses patients (Pilaff est psychologue clinicien en psychiatrie adulte et libéral), mais aussi dans son imagination… Le groupe tente de piocher des expériences, souvent tirées de l'angoisse, ici et là, selon une thématique particulière. Ce qui importe est la traversée et le questionnement du personnage inventé dans HOLY DEFORMITY, où chacun est libre de s'identifier ou non ».
Dans ce nouvel album, le groupe aborde donc les questions d'existence, de présence, mais aussi d'absence, de fuite et de doute. Cette fois sous un prisme d'une angoisse davantage archaïque. Le groupe a choisi une tranche de vie inquiétante, où les choses tentent de se régler péniblement sans pour autant s'apaiser. Le tout reste en suspens, dans l’attente d’une suite, savoir si cela va tenir. L'idée pour l’auteur n'est pas de traiter une question de diagnostic mais d'approcher une vision plus profonde, plus intense, plus intime, de ce qui se trame dans l'altérité, le rapport à soi-même, au travers d'un personnage.
Vaste sujet, mais sujet très importants au demeurant.
Prenons l’exemple notamment avec le morceau éponyme « HOLY DEFORMITY », très clairement axé sur le questionnement intérieur, la souffrance et l’autolise. Les mots (maux) sont violents… tout comme les 30 minutes de l’album.
Car d’un point de vue musical, comme évoqué plus haut, les toulousains ne font pas dans la dentelle, entre des morceaux sonnant plutôt old-school comme Deadlights ou de l’alternance de chants growl-scream et riffs acérés comme un god ends here
On n’a aucun répit.
La violence est de mise et G.I.D ne va pas plus t’épargner… ça vient du bide, c’est haineux et la seule « pause » que tu auras est une partie solo bien venue et bien sentie.
Je ne reviendrai que très peu sur holy deformity, morceau charnière de cet album, avec un tempo beaucoup plus lent et un rythme pour le moins pesant… au début ! Car le rythme s’accélère à mesure que les secondes passent… au regard des paroles, je me risquerais à penser qu’il y a un parallèle avec l’accélération du rythme cardiaque et la réaction défensive du corps quand une artère est « rompue ». On ressent beaucoup sur ce morceau l’influence de The Black Dahlia Murder, et en tant que fan, je ne peux rester insensible à ce clin d’œil.
Filth of Life a des sonorités un peu différentes, entre mid-tempo et blasts, harmoniques et rythmes bourrins… ce morceau ferait presque office « d’interlude » en raison de sa construction différente par rapport au reste de l’album… mais le « calme » n’est que de courte durée car les gars enchainent sur un Purge complètement frénétique, je ne sais pas ce que ce morceau donne en live mais une chose est sure, pas question d’être dans le pit ! Il porte sacrément bien son nom ;)
On retrouve à nouveau avec Grindfate et Erlebnis des sonorités de brutal death old-school. Grindfate est un morceau d’autant plus intéressant que le texte alterne entre anglais et français… c’est bien vu et les moments de blasts viennent enfoncer le clou en matière de richesse de structure. Quant à Erlebnis (expérience ou émotion/mémorable selon le contexte, en allemand), les cris froids lâchés de ci de là nous laissent un sentiment particulier, une sensation définitivement malaisante et c’est ce que j’apprécie beaucoup dans ce « Holy Deformity », pas besoin de lire les paroles finalement pour deviner l’essence même de l’album, de son fond et de sa forme, on est pris à la gorge de A à Z. Cet album s’écoute, mais surtout il se ressent, on y survit, ou pas…
Bref, tu l’auras compris, j’ai adoré ce dernier Tempt Fate, le CD a été poncé en large et en travers et je remercie Pilaff pour les échanges qui m’ont permis de mieux appréhender ce nouvel album de la formation Toulousaine.
Pour info, ils passent à Paris le 30 novembre au cirque électrique, le 1er décembre à Orléans au Dropkick Bar et le 2 décembre à Isle Bouzon alors si tu es dans le coin, n’hésite pas à aller les soutenir.
Sur ce, je te laisse, bonne écoute et à bientôt pour une nouvelle chronik !
Que la force soit avec toi !
Poussin
pour BGP MUSIC LIVE
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