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Interview de PSYKUP @Nuit de l'Enfer (Bordeaux)

Bonjour Julien (Cassarino, chanteur et guitariste), Bonjour Julian (Bassiste), je suis ravie de vous revoir ici à Bordeaux, pour la Nuit de l’Enfer au Krakatoa et je vous remercie infiniment d’avoir accepté cette ITW pour BGP Music Live.


- Dj : C’est la quinzaine du Festival de Cannes, et je sais que tu sais que je sais que tu es un grand fan des salles obscures et du Cinéma ( cf sa page Facebook pour vous faire une idée ! ) ; est-ce que tu t’accordes un moment dans la journée, pour suivre un peu l’actualité de Canne,s ou est-ce quelque chose qui t’indiffère complètement ce genre de festivités ?

- Julien : Disons que le Cannes que j’aimais bien, un peu glamour, qui faisait rêver, c’est un petit peu fini ; mais j’ai quand même regardé l’ouverture avant-hier et hier la montée des marches de Tom Cruise avec la Patrouille de France le survolant ; c’était assez fou d’ailleurs ! Je regarde en général la cérémonie d’ouverture et la cérémonie de clôture. Cela m’attire toujours de jeter un œil bien-sûr ! Ça reste le festival le plus connu au monde.


- Dj : Ce soir, donc, nous sommes dans la célèbre salle bordelaise où vous partagerez la scène avec trois autres groupes : Benighted, Gorod et Molybaron ; ce n’est pas un hasard que l’on vous retrouve sur la même affiche que Benighted au regard de votre collaboration pour le titre « Nice to be bone » ? ( Album Hello Karma ). Qui en a eu l’idée d’ailleurs, de cette collaboration ?

- Julien : En fait, ça s’est fait naturellement. J’avais créé un morceau qui avait une fin très très extrême et qui parle de bienveillance ( *rires* ), qui parle de cette nécessité d’être bienveillant dans un monde qui se perd un peu niveau humanité, je trouve. Au niveau chaleur humaine, au niveau échanges. On cherchait un « guest » pour un « featuring » et Juju Truchant ( chanteur de Benighted ) est quelqu’un de très gentil, bienveillant et dans le Metal-extrême ; on a pensé à lui. Je lui ai proposé et il a dit « oui » de suite ! Il nous a envoyé ses pistes et on a fait ça en deux secondes ! Pour l’affiche de ce soir, ça reste un hasard même si Gorod sont des potes et qu’on avait déjà joué avec eux ; Benighted aussi.


- Julian : Benighted avait fait notre DVD au Bikini de l’album d’avant ( Ctrl+Alt+Fuck 2017 ), on les avait invité donc on se suit. On aime leur musique, à la fois gind, extrême et hardcore ; on les respecte énormément.


- Dj : Vous venez défendre votre dernier album « Hello Karma », sorti en février 2021, un titre évocateur au regard de ce que l’on a vécu ces deux dernières années ! Mais si on y regarde de plus près et qu’on s’attarde sur la pochette de l’album, cet « Hello Karma » est à double tranchant ! Ça vous plaît de brouiller les pistes et de jouer avec les ambiguïtés ? C’est quoi le message caché ?

- Julian : Psykup est un groupe à lectures multiples. Il y a ce qu’on voit et il y a toujours un sens caché. Sur la pochette, il y a une explosion nucléaire, ce qui peut être très brutal et t’as les deux gars sur leur transat qui regardent ça, en sirotant des cocktails ; il y a un côté humoristique dans ce message fort sans être toujours dans le « drama ». Avec l’humour on peut faire bouger les choses pour mieux sensibiliser les gens à l’Écologie.


- Dj : On peut faire un parallèle avec les films « Melancholia » ( de Lars Von Trier, 2011 ) et « L’école est finie » ( d’Anne Depetrini, 2018 )...

- Julien : On se demande tous ce qu’on ferait si on nous annonçait la fin du monde. Est-ce qu’on contemplerait le truc ou est-ce qu'on s’arracherait les cheveux ? Je ne sais pas. On a trouvé le titre et l’idée bien avant la crise Covid et tout ce qui s'en est suivi ; après on s’est tout pris sur la tronche... On a dû décaler la sortie de l’album et on n’a pas pu tourner. On se retrouve à défendre l’album avec un an de décalage. Encore maintenant, la reprise des concerts est difficile car les gens ne viennent pas comme ça ; il faut les faire sortir de chez eux. Puis surtout on est menacé par une guerre nucléaire à nos portes ! Le prochain album, je pense qu’on va mettre des cœurs et des bisous partout ! On va être « Bisounours ». Si on est de vrais Prophètes, les choses seront au moins claires ! *rires*...


- Dj : Vos fans le savent déjà, mais l’autruche est un peu votre « animal » emblème, votre symbole ; un animal au long cou qui lui donne la possibilité de voir loin mais aussi qui se met la tête dans la terre, une façon de fuir la réalité...Un titre d’ailleurs du même nom sorti réédité en 2013...c’est quoi le lien entre cet animal et Psykup ?

- Julien : C’est un animal qui nous suit depuis toujours. Au tout début du groupe, j’ai écrit un morceaux qui s’appelait « L’Autruche » sur le premier quatre titres de 2001 - on l’a sorti trois fois ce morceau avec les rééditions. Ça parlait de ne pas mettre la tête dans le sable sauf que j’ai appris plus tard que l’autruche ne mettait pas la tête dans le sable ; c’est une légende, elle baisse la tête pour protéger ses œufs et je me suis donc fait avoir ! Quand je cherchais un animal-emblème ou une petite mascotte, je voyais que tout le monde avait des trucs très agressifs, des têtes-de-mort, des squelettes etc. Alors on s'est dit que pour des metalleux, si on se pointe avec une tête d’autruche, ça sort tellement du lot, c’est tellement original. Puis c’est quand même un animal qui reste très agressif ! C’est le plus grand oiseau du monde qui ne vole pas, donc que des trucs qui nous intéressent ! On a commencé à le mettre sur les affiches et tout le monde a fait « ouha » et a retenu cette image, c’est devenu le « truc » ; les gens s’en rappellent !


- Dj : Les membres de Psykup sont relativement jeunes alors que le groupe aura bientôt 30 ans d’existence, avec certes une longue pause de 9 ans ? Toi Julien, l’un des membres fondateurs encore présent au sein du collectif, il y a-t-il quelque chose que tu ferais différemment avec ton regard d’aujourd’hui ?

- Julien ( *rires qui en dit long* ). Je ris, je pourrais te dire un tas de trucs parce qu’avec le recul on changerait plein de choses mais en même temps, j’ai l’impression que ce sont nos erreurs qui nous forgent et qui font ce qu’on est aujourd’hui. Qu’on a écrit cet album-là, qu’on est entrain d’écrire l’album suivant. Je pense qu’il faut tout prendre dans la vie ! Je suis très « Sartrien » ; Sarthe et Terminator 2 ont ce point en commun : « c’est pas de destin mais ce que nous faisons » ! L’existentialisme est un humanisme de Sarthe ou alors Terminator 2 c’est la même réflexion ! ( Julien a laissé quelques lecteurs au bord de la route…). Parfois on a fait de bons choix et parfois de mauvais. Le Karma c’est un truc qui me parle.


- Julian : C’est une question qui nous a beaucoup travaillée. C’est jamais bon de regretter le passé ; c’est ce passé qui fait que Psykup en est là aujourd’hui et qui fait ce qu’on est.


- Julien : A une époque on refusait plein de trucs, on était un peu plus hermétique ; on était vraiment dans notre bulle. Avec le temps, on s’est un peu plus ouvert. Puis chaque fois qu’il y a des forces vives qui intègrent l’équipe, ça nous donne un coup de fouet, un coup de jeune. Brice et moi nous sommes les plus vieux donc on essaie de mélanger nos parcours de vie avec les autres.


- Dj : Ce n’est pas un peu pénible de se voir sans cesse classé dans un style musical alors que vos influences sont très variées ?

- Les deux Juju : Les gens n’arrivent pas vraiment à nous classer.


- Julian : Il y a de tout ! Quand je suis entré dans « Psykup », je sais pourquoi je l’ai fait. C’était super intéressant musicalement pour moi. C’est clair qu’il faut savoir jouer du Metal ou de l’Hardcore mais il faut aussi pouvoir être capable de jouer du Jazz, de groover sur des rythmes latins. C’est riche ; il te faut un petit temps d’adaptation car c’est une musique qui se digère ! Ce n’est pas si évident que ça. Notre plus grande force c’est celle-là, de ne pas pourvoir nous cataloguer et aussi notre faiblesse. Nous sommes beaucoup en auto-production parce que c’est difficile de définir le Label qui irait bien avec notre style musical. Ce sont des questions que l’on se pose. On est « fous-fous », alors trouver la bonne niche…


- Julien : On est dans une époque, mais ça a toujours été le cas, où on veut te coller une étiquette sur le front...Mais historiquement, il y a des groupes qui ont fait « péter »les barrières, genre les Doors ou autre dans les années 70. A un moment, tout le monde s’en moquait un peu des barrières. Dans mon adolescence, quand j’allais dans les « Booms » ( oups, les moins de 35 ans ne peuvent pas connaître…), dans les années 80, les gens écoutaient de la « Dance » et « Rage Again The Machine », tout le monde s’en foutait. Maintenant il y a des chapelles qui se sont crées, même dans le Metal. Les gens disent qu’ils écoutent de tout mais ils écoutent juste du Hardcore, du Trash, du Death ou du Black. C’est bon pour les bacs à la FNAC. Ce qui est cool, c’est qu’avec Internet tu peux passer d’une playlist à une autre et ça me plaît ; j’aime bien le fait que quelqu’un puisse écouter Rihanna puis Psykup en suivant . Même si on nous zappe cinq minutes après. Les vieux fans sont là mais on développe aussi une nouvelle « fan-base », c’est cool.


- Dj : La première fois que j’ai vu Psykup, c’était au Hellfest, sur la scène de la « Temple » ; j’étais venue pour vous shooter, donc 10 minutes, et finalement je suis restée le concert entier ; ces gars là en chemise hawaïenne ça détonnait vachement avec la musique et surtout le débit incessant des slams ( sur la Temple, ce week-end là, je crois que vous détenez un record ! ) ; être à contre-courant du style vestimentaire traditionnel chez le metalleux, c’est votre parti pris , c’est calculé tout ça …


- Julien : Ça va dépendre du concept de l’album.


- Julian : On écrit toujours un album et cet univers on essaye de le décupler pour le retrouver sur tous les supports, nous compris. Tu verras ce soir, ça tranche avec le précédent album.


- Julien : le « Ctrl+Alt+Fuck » où tu vois la pochette avec la fille, au bord de l’eau, très « playa » ; c’est d’ailleurs là qu’on a sorti les tongs et le freezbe pour notre merch. On s’est dit « Pourquoi pas porter des chemises hawaïennes, c’est fun ; on arrivait avec les « Beach Boys » sur scène au Hellfest, c’était quand même assez fou ! Du coup, j’aime bien créer le décalage, c’est marrant ; je te spoile pas la sortie de scène que tu entendras ce soir, c’est quand même quelque chose ; là on a passé un cran ! Nous ce qu’on veut c’est que ce soit la fête !


- Julian : Sur cet album, on a plus recentré les choses que sur la musique, sur l’autruche aussi, C’est Fred Duquesne qui a fait le mix d’« Hello Karma ». On a voulu quelque chose d’un peu plus puissant donc on pense que c’est à nous d’être plus sobre visuellement pour mettre en avant la musique. Il y a un côté très cinématographique en noir et blanc. Mais sur les lumières, il y a beaucoup de couleurs !


- L’ingé Lumière ( nous a rejoint ) : Comme sur cette tournée on a mis beaucoup de couleurs sur scène, on a ajouté juste un élément blanc sur la tenue, tu verras. Il y a le nom du groupe par contraste en blanc, l’autruche qui est blanche et qui prend beaucoup moins la lumière. Comme le disait Julian, le groupe sera très Metal en noir mais et à côté c’est l’arc-en-ciel. On ne voulait pas perdre cet effet en ayant des tenues moins neutres.

- Dj :Matthieu Miegville, l’autre membre fondateur, a quitté le groupe d’une part pour travailler sur ses projets persos ( Miegville – La Baleine ) mais aussi suite aux accusations émises par Mediacité ; ce doit être difficile de perdre un Matthieu ? J’imagine qu’il était important pour vous mais on se protège comment lorsqu’un membre est mis en accusation ? ( Je précise qu’il est mise en accusation pour harcèlement moral dans ses activités chez Jerko Musique ).

- Julien : On a essayé d’être sincère.


- Julian : On parle bien de harcèlement moral, pas sexuel, comme tu l’as précisé. Ça peut arriver quand on « pète un plomb ». Après nous, on a surtout pris le temps de discuter, c’est surtout ça ; on n’a pas d’abord pensé à se protéger.


- Julien : On a discuté aussi avec les plaignantes, parce qu’on les connaît très bien ; ce sont nos amies. On a échangé avec tout le monde et on a pris cette décision ensemble. De toute façon on était arrivé à un stade où même entre nous on s’entendait moins ; en plus cette accusation a fait qu’on se comprenait encore moins, tu vois. Mais je n’ai jamais été pour la peine de mort ni pour l’exécuter. On a juste essayé d’être sincères et transparents dans notre communication là-dessus. Il a pris son chemin et nous le nôtre ! Je pense qu’on a essayé de respecter la voix des plaignantes, en mettant en avant qu’on condamnait bien évidemment ce genre de fait et qu’on se dissocie de ça car nous sommes différents.

Ce n’était pas au sein de Psykup, alors on n’a pas vu ce harcèlement. Mais la bonne chose, c’est qu’on est content d’avoir accueilli Mathieu Romarin ! C’est une personne qui nous a apporté beaucoup en arrivant, avec qui nous sommes en phase et avec lequel on s’est compris mutuellement. Ça a signé un renouveau pour nous ! C’est encore une autre étape de franchis.


- Julian : C’est le Karma qui a placé Mathieu Romarin sur notre route. Il a relevé le défi. C’est une patte en plus !

- Julien : Il a ce côté animal sur scène. Il a fait sa première scène avec nous au festival 666 ( en août 2021 à Cercoux ).

- Julian : Quand on a pris la décision de se séparer de Matthieu Miegville on a trouvé Mathieu Romain deux semaines plus tard, juste avant le 666. Cette belle personne a appris le set en quinze jours.


- Dj : votre tournée commence à peine ; partout vous êtes attendus ; vous arrivez à vous projeter en même temps sur l’avenir ou vous vous laissez le temps de voir et de profitez des concerts ?

- Julien : elle a commencé véritablement à la fin de l’année dernière en octobre ; la Covid l’a arrêtée. Mais là, on a débuté en mars.


- Julian : On est déjà sur le prochain album ! On a déjà un nouveau titre qui est prêt qu’on va sortir au moment voulu pour présenter Mathieu Romarin justement. On attend qu’il digère bien le groupe ; comme il y a plusieurs influences ou styles chez Psykup... C’est dorénavant un membre officiel. Ce sera notre sixième album, officiellement !


- Dj : Julien, on ne peut pas tout avoir dans la Vie...Tu dois choisir entre : écouter de la musique toute ta vie ou regarder des films ?

- Julien : Rhaaaa, c’est ton père ou ta mère ! Le Cinéma c’était ma première passion quand j’étais petit. Après la Musique est devenue mon métier ; donc si je ne peux plus écouter de musiques, je ne peux plus faire mon métier ! Aah, c’est trop dur !! J’ai pensé aux questions genre « tu deviens sourd ou tu deviens aveugle »… Celle-là je n'y ai pas pensé… Je fais de la critique de Ciné à côté, donc c’est un taf aussi, dans un journal ; je dirais la musique parce que c’est mon boulot et que je ne peux pas me passer de musique. Au moins j’ai fait un choix ! Je vais devenir aveugle, le Karma va me foudroyer ( *rires !* ).


- Dj : Comment va ta voix Julien aujourd’hui?

Julien : Beaucoup mieux ! Tout le monde a été très gentil mais ce n’est pas comme si j’allais mourir ! J’aime pas annuler des dates et j’ai dû planter tout le monde ! Depuis que j’ai eu le Covid, en décembre, même si ça n’a pas été horrible sur le moment pour moi, ça m’a atteint les bronches. Je n’avais jamais eu un truc aussi violent aux bronches. Si j’ai annulé c’est que j’étais vraiment aphone ; en plus des allergies au pollen, j’étais couché, K.O.


- Dj : Est-que tu sais ce qu’est un Krakatoa ( nom de la salle ) ?

- Julien : C’est un volcan !


- Dj : Bien !! C’est un volcan de type explosif, situé en Indonésie ; il est connu pour avoir fait des dizaines de milliers de morts en 1883 suite à une explosion des plus violentes, de mémoire d’homme ! Cette catastrophe a inspiré la littérature, le Cinéma, la télévision et la musique….Alors je vous souhaite un concert explosif de même envergure, ce soir, dans la très belle salle du Krakatoa !

Merci Julien, merci Julian, d’avoir répondu pour BGP Music Live à cette interview !


- Julien : Ah, c’est très joli ! Merci à toi !

- Julian ! Merci !!


DJ pour BGP Music Live.

Photos : DJ.S





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