Après la belle mise en jambe de la veille, place à la première des deux grosses journées de cette douzième édition avec une programmation bien lourde qui annonce de grands moments en perspective !
Pour l’heure, les visages affichant un manque évident de fraîcheur chez certains et des yeux en trou de pines chez d’autres confirment qu’un after a bien eu lieu et qu’il a été tout sauf bref ! Du reste, quelques âmes cadavérisent encore sous les tentes, encore embrumées et peu réceptives aux sons des balances qui résonnent quelque part dans leurs têtes !
L’horloge affiche onze heures trente lorsque Aesmah se présente devant un parterre de festivaliers particulièrement garni pour une fin de matinée ! Les Lyonnais vont nous gratifier d’un set de trente minutes de death melo de très grande qualité ! La setlist comprend les titres majeurs du groupe, ces derniers scotchant littéralement ceux qui les ont découverts pour la première fois ! « Quelle claque », « C’est génial ce groupe », « Ils sont très bons », « Enorme » et bien d’autres éloges fusent tout au long de leur prestation remarquée à juste titre. Chaque membre du groupe est à la fois appliqué, inspiré et se livre davantage au fur et à mesure que les morceaux s’enchainent. Prestation soignée et très pro, pour avoir eu la chance de les voir à plusieurs reprises, c’est probablement une de leurs meilleures à laquelle j’ai pu assister jusqu’à présent. Cela augure du bon pour le nouvel album sur lequel le groupe travaille actuellement !
Pas le temps de se refaire la cerise qu’on poursuit avec d’autres Lyonnais, Hysteria, et toujours sur du death, mais celui-ci plutôt old school, façon trente ans d’âge ma p’tite dame ! Pas de tergiversation, ça part droit dans l’pentu et ça ne fléchira pas durant tout leur set de death massif envoyé sans ménagement ! Pas de constructions alambiquées, ni de gimmicks pour masquer une inconsistance musicale, les lascars d’Hysteria envoient tout ce qu’ils ont dans les soutes, façon brut de fonderie dans nos faces encore bercées par les mélodies précédentes ! Autant dire que ça dépote, que ça défrise les moustaches à papi et que ça ratiboise tout sur son passage en mode rouleau compresseur ! Prière de tendre l’autre joue pour ceux qui en redemandent ! Puissant, violent et authentique, what else !?
A peine le temps de déguster quelques bières que Stinky pointe déjà le bout de son nez ! Il s’agit de la première apparition du combo nantais dans l’Ain et, vu le set explosif et bourré d’énergie qu’ils ont envoyé, ils n’étaient pas là pour beurrer des tartines, pas plus qu’au Hellfest un mois et demie plus tôt ! Le public ne s’y est pas trompé, chauffé à blanc par Claire qui assure une excellente communication et qui sait obtenir son adhésion ! Résultat, la fosse s’emballe, la poussière vole et un des premiers wall of death voit le jour déclenché avec furie sur un hardcore oscillant entre Stray from the Path et Comeback Kid ! Malgré le changement de line up récent, Stinky a montré une certaine assurance sur scène et fait forte impression, l’ovation finale ne laissant pas entrevoir autre chose !
Cette deuxième journée est partie sur les chapeaux de roue et lorsque je jette un œil à la suite qui nous est proposée, nul doute que tout le monde va finir bien fatigué, le corps marqué et des étoiles plein les mirettes… Et ce ne sont pas les Autrichiens d’Insanity Alert qui vont me faire mentir ! C’est la deuxième fois qu’ils montent sur les planches du Sylak et leur prestation de 2019 reste dans les mémoires de nombreux festivaliers ! Là-aussi, pas de déception, ils envoient leur put1 de thrash crossover tout en assurant le spectacle avec ce diable de Heavy Kevy en frontman aguerri et surtout déconneur de première !
Les panneaux font leur effet « Mosh », « Let’s circle pit », « Thrashers do it better » ou encore « Run to the pit» et la fosse ne répond plus de rien, motivée comme jamais pour mettre un bazar innommable ! Terrible une fois encore, mosh for your life !
Même si le registre proposé par les Moldaves de Infected Rain est différent, la ferveur ne retombe pas ; ces derniers prennent possession de la scène à leur tour en affichant un charisme certain à travers Lena, Alice et Vadim, tous trois affublés de dreads qui virevoltent façon méduse voire gorgone pour les adeptes de mythologie grecque ! Ils livrent un set, là encore, ne manquant ni d’énergie, ni de conviction et l’osmose avec le public se fait naturellement, ce dernier ne manquant pas de manifester son soutien tout au long du show. Même si musicalement, Infected Rain semblait loin d’être la tasse de thé de beaucoup de festivaliers, force est de constater qu’ils ont su captiver leur attention en les faisant adhérer, le charme moldave opérant sûrement et ce mélange de nu metal et de metalcore faisant parfaitement son œuvre en festival ! Un bon moment donc !
On ne compte plus les printemps pour les New-Yorkais de CRO-MAGS qui produisent un punk hardcore énervé depuis la nuit des temps et ce, à la vue de leur prestation au Sylak, avec la fougue d’un jeune groupe qui veut se faire remarquer. Intenable et énervé comme jamais, Harley est un spectacle à lui tout seul, hurlant à s’en faire pêter les cordes vocales, arpentant chaque centimètre carré de la scène, malmenant sa basse avec furie et montrant une détermination et une rage intactes qui contrastent quelque peu avec le jeu quelque peu figé des guitaristes ! La fosse communie dans un nuage de poussière provoqué par des pogos incessants, signe que le spectacle a été à la hauteur des espérances ! Harley se fend d’un discours façon « Never give up » malgré ce que la vie réserve de pire, il y a toujours une issue positive derrière ! A titre personnel, cela faisait un bon bout de temps que je n’avais plus vu CRO-MAGS et j’avoue m’être repris une claque comme au bon vieux temps !
On reste dans les énervés du bulbe avec les Canadiens de Comeback Kid qu’on ne présente plus et qui semblent attendus à en croire l’agglutinement des festivaliers aux crash-barrières ! C’est une machine rôdée et bien huilée qui se présente à nous et qui va secouer le pit en deux temps trois mouvements, la setlist de folie et l’expérience des lascars faisant parler la poudre. Déluge de slams, ruissellements de sueurs, énergie positive, accompagnements des refrains dans une frénésie incontrôlable, tel est le résultat produit par une prestation qui fera date ! Andrew viendra se frotter au public à plusieurs reprises histoire de rajouter un soupçon d’intensité dans la fosse, comme s’il en manquait ! Bientôt un quart de siècle au compteur et toujours pas de signe de faiblesse, Comeback Kid aura été l’un des groupes qu’il ne fallait louper sous aucun prétexte aujourd’hui, pas vrai ?
Après ce déluge venu d’outre-Atlantique, Les Tambours du Bronx ont la lourde tâche de prendre le relais ! En effet, dans un style qui leur est propre et basé autour de percussions de circonstance qui font leur originalité, il n’est pas simple d’enchainer après Comeback Kid ! Malgré cela, le combo, qui soit dit en passant a caché Francky Constanza (Ex Dagoba) et sa batterie derrière les fûts de 200 litres le rendant quasiment invisible (à méditer pour les prochaines scènes) a tenu son rang si l’on en croit l’accueil réservé par le public durant le live ! A noter quelques apparitions sur certains morceaux et une reprise explosive de Territory de Sepultura qui ont pimenté le tout.
Le bruit des tambours résonne encore quelque part dans nos têtes lorsque Terror fait son apparition sur scène ! 22, v’la Terror serait-on tenté de dire si l’on s’en réfère au nombre d’années que le groupe affiche au compteur ! Terror est au hardcore ce que le Sylak est au festival Metal : une valeur sure ! Comme à leur habitude, le set démarre en trombes et l’énergie et la rage déployées sur scène inonde le pit qui s’est remis à bouger comme jamais, déversant son flot de slam et de sueur dans un océan de chaos et de moshs ! Les titres phares de la bande à Scott Vogel sont envoyés à la chaine et ce dernier, malgré les années qui passent assure toujours une présence scénique de frontman premier ordre, ça fait plaisir à voir ! Vous l’aurez compris, Terror est toujours là et bien là et ne manque pas une occasion de nous le rappeler !
L’Eurovision et moi, c’est une longue histoire de désamour, trou du cul et pain frais se bouffent mais il faut admettre qu’ils ont un goût différent, c’est un peu le constat que je fais entre eurovision et musique ! Aussi, je suis comme une partie de la fosse, à savoir plutôt sceptique (oui je sais), à l’arrivée de Lordi ! Affublés de leurs traditionnels costumes et maquillages de monstres, les Finlandais vont, durant une bonne heure, donner un show au final rendu agréable à l’œil du fait de leur mise en scène mise en valeur par un jeu de lights parfait et à l’oreille à travers des compos somme toutes plutôt basiques musicalement parlant, mais bien ficelées et accrocheuses dans l’ensemble ! Pas vraiment le style que j’affectionne mais en festival, c’est une sorte de parenthèse dirai-je. Lordi a un côté touchant, faisant l’effort de parler en français de temps à autre, plaisantant et jouant avec le public ! « Oui… Oui, oui » ! C’est sur le morceau qui leur a fait connaitre leur notoriété, « Hard Rock Halléluia » qu’ils terminent leur prestation copieusement applaudie !
C’est à Electric Wizard, combo anglais expérimenté de doom stoner qu’il revient l’honneur (ou la charge au choix), de clôturer cette deuxième journée ! Après une journée riche en intensité avec une programmation qui a fait une large place au hardcore, Electric Wizard dénote quelque peu ! On se doutait bien qu’avec le registre dans lequel ils évoluent, cela allait être le cas mais le vivre a été une véritable expérience que nombreux n’ont pas apprécié à sa juste valeur ! Sur le plan visuel, et pour coller à leur style musical qui rappelle les seventies, la projection de moments cinématographiques jugés comme choquants à une certaine époque vient apporter son once de psychédélisme et de subversion, les corps dénudés de femmes aux barbus très seventies là-aussi s’offrant (ou offertes) dans des rituels satanistes à des gourous… En revanche, côté lights, autant dire que les types ne peuvent pas être accusés d’avoir cramé le budget dedans, au grand damne de la déesse Iso qui a dû monter dans les tours ! Sur le plan musical, je dirais que c’était du doom, boring et sans surprise ! Certains diront, encore ces Anglais !
Vous l’aurez compris, il y avait de quoi contenter tous les métalleux avec une programmation certes bien orientée sur le hardcore, mais qui a également proposé nombre d’autres styles (death melo, death old school, crossover, nu metal…) pour un maximum d’intensité musicale dont les secousses ont été ressenties jusqu’au plus profond de la fosse ! Il est temps de recharger les batteries (au propre comme au figuré) avant d’affronter la dernière journée qui s’annonce tout aussi grandiose !
Fred Scalpel
Report & photos
pour BGP MUSIC LIVE
Portfolio - Freddy GHEORGE
SYLAK OPEN AIR
AESMAH
HYSTERIA
STINKY
INSANITY ALERT
INFECTED RAIN / 2008
CRO-MAGS
COMEBACK KID
TAMBOURS DU BRONX / 1987
LORDI
ELECTRIC WIZARD
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