Nouvel album, nouvelle tournée ! En l'espace de 4 mois, vous allez voyager de salles intimistes (l'Empreinte à Savigny / 350 personnes) aux plus grands festivals d'Europe (Alcatraz, Motocultor / +11 000 personnes jour). Jongler d'une configuration à l'autre tout en réussissant à apporter au public votre expérience musicale si particulière est-il aisé ?
Effectivement, l’approche scénique en fonction de la dimension n’est pas anodine. A nos début cela n’était pas toujours simple et nous avons appris, petit-à-petit, à force de faire des concerts dans pleins de contextes différents, à occuper la scène et à faire vivre notre musique de manière cohérente quel que soit le lieu.
Comment le lieu influence-t-il votre façon de jouer et comment vous en servez-vous pour qu'il nourrisse l'ambiance ressentie ?
Plus que le lieu, ce qui va nous influencer est l’interaction avec le public. Est-ce que nous arriverons à embarquer l’audience dans le voyage et l’atmosphère que nous lui proposons ? C’est surtout cela qui importe. La qualité du son, du visuel et notre attitude scénique sont les challenges à relever à chaque date. Si tous ces éléments sont au rendez-vous, en général, l’interaction opère et nous nous nourrissons de l’enthousiasme des gens !
Après un premier passage au Motocultor en 2017, qui se tenait encore à St Nolff, vous serez présents à l'édition de cet été, déménagée à Carhaix depuis l'année dernière. Hâte de découvrir le nouveau site ? Qu'aimez-vous le plus en festival ?
Nous nous réjouissons de découvrir le nouveau site du festival, ce sera assurément une super expérience. C’est un festival de grande qualité avec une dimension très amicale et beaucoup de passionnés. Tout y est mis en œuvre afin que les groupe puissent donner le meilleur show possible.
Avec 2 Motocultor, et déjà 4 Hellfest, quel lien spécial avez-vous tissé avec le public français au fil de ces rencontres ?
Nous adorons jouer en France. Les structures et organisations sont de qualité avec des gens très passionnés. Nous y avons trouvés un super public, ouvert à la découverte, réceptif et fidèle. Nous avons eu tout loisir de tisser des liens très amicaux. De plus, étant nous-même francophone, nous nous sentons un peu à la maison et c’est toujours très plaisant.
Psychedelic Stoner Prog-Rock from Outer Space, Your Mind-Blowing Trip to the Universe, c'est en ces mots que vous vous définissez.
Avec ce septième album intitulé "Welcome to the Machine", dans quelle mesure faut-il voir dans votre musique la promesse appuyée d'un moyen de s'affranchir des codes d'un monde devenu trop rigide ?
Je ne dirais pas que cet album est une promesse d’affranchissement mais plutôt une
réflexion globale sur l'état de notre société et son évolution possible, centrée sur le
développement technologique, l'usage que nous en faisons, ses dérives et l'impact que tout cela pourrait avoir sur l'être humain. C’est aussi le constat d’un monde qui semble de plus en plus contrôlé et qui tend de plus en plus vers une pensée unique.
Serait-ce une invitation à choisir la fameuse pilule rouge pour s'évader ?
En quelque sorte, oui !
Vous faites partie des rares groupes de metal exclusivement instrumental.
Connaissant votre amour du 7ème art, l'envie de participer à la BO ou de composer le score d'un film pourrait-elle un jour vous tenter ?
Composer une BO de film est un rêve absolu que nous aimerions réaliser un jour. Ce serait pour nous une sorte d’aboutissement complet.
Vous l'a-t-on déjà proposé ?
Malheureusement non. Mais nous ne perdons pas espoir et peut-être qu’un jour une
proposition dans ce sens pointera le bout de son nez, croisons les doigts.
Votre direction artistique a toujours été très riche avec des pochettes soignées, ultra élaborées. Pour ceux qui auraient encore des doutes, celle du dernier album à l'esthétique très Moebius-esque enfonce bien le clou ! Quand des groupes comme Deicide sont soupçonnés d'utiliser l'IA pour illustrer leur prochain opus, que d'autres l'intègrent dans leurs compositions ou leurs scénographies, quelle est votre position vis-à-vis de l'incursion de cette technologie dans l'univers musical ?
Nous ne portons pas de jugement particulier, chacun est libre de faire les choses de la manière qui lui convient et correspond le mieux, en son âme et conscience. Notre vision globale de la question est pleinement exprimée dans ce nouvel album.
Le groupe a fêté (et dépassé depuis) ses 20 ans de carrière. À l'heure où Megadeth et Metallica tournent encore comme des robots, plus de 43 ans après leurs débuts, vous souhaite-t-on de les suivre sur cette voie ?
Nous espérons pouvoir continuer le plus longtemps possible, en tous cas tant que la
passion et la qualité seront présentes. L'énergie que le public nous donne à chaque concert
est une source de motivation immense.
Ou bien, malgré la belle dualité homme/machine, l'idée de poursuivre en étant remplacé par des hologrammes comme KISS vous coupe-t-elle toute envie ?
Nous n’avons pas le budget, l’envergure et la notoriété nécessaires pour être remplacés par
des hologrammes…:-)
Question bonus :) Vous vapez sur scène (vous êtes d'ailleurs sponsorisés par une marque de matériel). Vu votre musique éthérée, on aurait pu s'attendre à un fabricant de CBD d'ailleurs ! Mais au fait, quelle est votre configuration / mod pour faire des nuages aussi impressionnants ?
dB utilise des tubes méca avec des dripper de 24. J’utilise des box BF méca de ma propre fabrication (the fuzz box mod) avec dripper de 22 ou 24. Nous faisons nos propres jus, souvent très chargé en vg.
Interview par Matthieu Chatenay
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