Je suis particulièrement honorée de vous raconter la première édition du MVRKFEST. C’est toute joyeuse et très alléchée par l’affiche que j’ai pris (loupé) un TGV pour Marseille. Pour résumer, il s’agit d’un festival sur trois jours, principalement axé metalcore, organisé par un petit groupe obscur, j’ai nommé LANDMVRKS.
Avant toute chose, un petit point sur l’organisation et le concept du fest. Cet évènement mettait un point d’honneur à mélanger l’univers metalcore avec d’autres, plus urbains. On a eu le droit à des démonstrations de BMX sur rampe, un concours de BMX Flat, des shows de skate, mais aussi à un stand de tatouage.
Pour résumer, le festival disposait de deux scènes : les Grandes Tables, la plus petite des deux, mettait en avant des artistes locaux, plutôt punk. Cette partie du fest était accessible gratuitement à tous. Tandis que la Cordonnerie, une belle salle toute neuve, accueillant les artistes de plus grande notoriété principalement issus de la scène metalcore, n’était accessible qu’aux spectateurs munis du sacro-saint passe. J’ai trouvé l’idée intéressante : cela permettait de mettre en lumière les groupes locaux en profitant de la popularité des têtes d’affiche ainsi que des clients du bar des Grandes Tables qui n’avaient pas forcément les moyens – ou l’envie – de prendre un billet. D’ailleurs, les Grandes Tables n’ont désempli ni le vendredi ni le samedi. Malheureusement, sans programmation à La Cartonnerie , la journée du dimanche était bien plus calme.
J’ai personnellement adoré l’environnement, la Friche Belle de Mai est une ancienne usine reconvertie en espace culturel où arts urbains et musiques actuelles ont parfaitement leur place. Si l’esthétique est très roots, la qualité des installations est au rendez-vous. D’ailleurs, les installations, parlons-en. Le son ainsi que les lumières de La Cartonnerie étaient tout simplement incroyables – un grand bravo aux ingés son et light pour leur travail. Même aux Grandes Tables, ces deux points étaient plus que corrects malgré un matériel un peu plus rudimentaire.
La programmation – très spécialisée – comportait des pointures du genre. C’était le rassemblement des nouveaux groupes incontournables de la scène core, avec une mise à l’honneur des formations françaises : Rise of the Northstar, LANDMVRKS, Ashen, The Novelist, Resolve…. Pour ne pas vous assommer en détaillant tous les groupes un par un – ce qui serait contre-productif –, je vous ai concocté une petite sélection des dix prestations que j’ai préférées.
– Affenpinsher
La Cartonnerie – Samedi
Affenpinsher s’est vu attribuer la lourde tâche d’ouvrir les hostilités sur la scène de la Cordonnerie. Malgré son statut d’opener, le public était déjà au rendez-vous, impatient d’en découdre. Pour son plus grand plaisir, on a donc démarré avec un deathcore bien énervé. On sentait littéralement les basses faire vibrer nos entrailles et les breakdowns faisaient carrément trembler les murs. Avec la fumée bien – trop ? – compacte, je n’ai pas pu apercevoir le batteur de tout le show. Cela manquait un chouïa de contraste à mon goût mais, honnêtement, je pinaille. Il n’y avait pas meilleure façon de commencer ce festival.
– Glassbone
La Cartonnerie - Samedi
Glassbone n’était pas une nouveauté pour moi – les plus assidus d’entre vous sauront qu’ils étaient à l’affiche de la soirée BGP au Glazart le 19 avril 2023. Mais ça ne m’a pas empêchée de me prendre une claque comme au premier jour. La batterie m’a particulièrement marquée : la gestion des silences ainsi que le jeu à l’unisson rendent le tout à la fois lourd et groovy.
Autre particularité, le mélange de rap et de growl apporte un côté hip hop au set. Sur scène, ça court, ça saute, l’énergie est explosive : bref, un show aux petits oignons.
– Ashen
La Cartonnerie - Samedi
De nouveaux visages familiers arrivent sur scène – Ashen participait également au plateau BGP du 19 avril. C’est honnêtement le meilleur show du groupe auquel j’ai assisté. Le son est juste parfait : chaque partie, chaque instrument est mis en valeur. Le chant clair et saturé est dosé au poil.
Le groupe profite du lancement de son cover de Smells Like Teen Spirit pour rendre hommage à un ami récemment disparu. Le message, tout comme le morceau, fait son effet dans la foule qui en réclame davantage. Ça a honnêtement été mon coup de cœur de la journée. Bravo à eux.
– Resolve
La Cartonnerie - Samedi
Resolve débarque devant une fosse remplie et grouillante. Les Lyonnais – qu’on ne présente plus – ont une sacrée capacité à créer des tubes et une meilleure encore à les faire retentir sur scène. Leur metalcore est incisif, efficace, il met immédiatement le feu à une foule déjà bouillante.
Le point culminant de la représentation est l’apparition de Zelli, le chanteur de Paleface, qui a passé la nuit sur place pour interpréter le titre Older Days en duo avec Anthony. Une vraie bonne surprise !
– Landmvrks
La Cartonnerie - Samedi
Landmvrks et ses jolis papillons sont en terrain conquis. C’est le représentant de Marseille dans la sphère metal française, mais surtout l’organisateur de ce très beau fest. C’est donc tout naturellement qu’il endosse – avec brio – le rôle de tête d’affiche du samedi. Comme pour tous les groupes cités jusque-là, les technicités vocale et instrumentale sont au rendez-vous.
Le bazar dans la fosse commence dès la première mesure. Ils nous régalent d’un show à la hauteur d’une release party. Nous avons le droit à une reprise de Fuel de Metallica, à l’apparition d’Anthony de Resolve en guest. Il n’y avait pas meilleur moyen de clôturer le line up de la Cordonnerie.
– Alea Jacta Est
La Cartonnerie - Vendredi
Alea Jacta Est a été mon coup de cœur du vendredi. C’est un groupe toulousain qui a déjà roulé sa bosse et qui nous a servi du bon hardcore comme on l’aime. L’énergie générée m’a complètement décoiffée. La basse, bien présente dans le mix, faisait l’effet d’un rouleau compresseur. Le chant, diablement efficace, envoyait un mélange de puissance et de précision, les breakdowns faisaient trembler les murs. Vous me verrez, à coup sûr, dans le pit de leur prochaine date francilienne.
– Scarlean
La Cartonnerie - Vendredi
Le concept de Scarlean est simple : allier puissance, efficacité et mélodie. Un peu plus facile d’accès que ses prédécesseurs sur la scène de la Cordonnerie, le groupe a alpagué plus facilement le public.
Il y avait légèrement trop de voix dans le mix à mon goût. Mis à part ce défaut mineur, la performance était irréprochable.
Musicalement, on sentait que le hip hop occupait une place importante dans le cœur des musiciens. Durant certains passages, l’influence de Rage Against the Machine était presque palpable, en particulier au chant. Cela m’a donné envie de sauter au milieu du pit, surtout pendant l’interprétation de Wake Me Up. On peut dire que cela a fonctionné sur moi.
– Paleface Swiss
La Cartonnerie - Vendredi
Le premier groupe non francophone débarque enfin. C’est l’un des groupes avec la plus forte notoriété à l’international. Dès son arrivée sur scène, son identité visuelle forte nous saute aux yeux, alors même qu’ils ont adopté nombre des codes esthétiques du metalcore.
Musicalement parlant, l’énergie tournait entre les musiciens, rendant le show très dynamique. Le chant et les instruments se répondaient en permanence. La batterie, qui alternait entre double kick et rythmes lents, apportait le contraste. Le batteur s’est même levé pour headbanger avec la foule. Bref, je ne me suis pas ennuyée une seconde.
– Novelists
La Cordonnerie - Samedi
Novelist était l’une des têtes d’affiche du festival et, sans aucun doute, l’un des groupes les plus mélodiques du week-end. Ce mélange de metalcore et de djent bien ficelé apporte de la nouveauté et de la créativité à un genre qui a parfois du mal à se renouveler.
C’était l’un des premiers concerts de la nouvelle chanteuse Camille Contreras, officialisée en septembre 2023. Sa voix matche parfaitement avec l’esthétique du groupe. Mais les autres n’étaient pas en reste : les parties de guitare évoluent sur des gammes improbables. Une complexité qui tranche avec une basse et une batterie au son metalcore plus traditionnel.
La foule était particulièrement réceptive, surtout lorsque le titre Heretic a été annoncé. Au vu de ce show, je suis bien contente que la formation ait pu surmonter ses moments difficiles.
– Wake the Dead
Les Grandes Tables - Samedi
Pour moi, Wake The Dead a été la révélation des Grandes Tables. Le groupe a un répertoire varié, enchaînant morceaux rapides au double kick tel un rouleau compresseur et ballades. Le scream du chanteur ne laisse aucun répit et, malgré cela, des mélodies – rares pour de la punk hardcore – se frayaient un chemin jusqu’à nos oreilles.
Wake the Dead, formé en 2010 à Marseille, a su se construire une expérience de la scène et la mettre à profit. Résultat : je me suis éclatée.
[Bonus] Sunroof
Les Grandes Tables – Dimanche
Le set de Sunroof avait un goût particulier. En effet, le projet était tout neuf, vraiment tout neuf : nous avons eu la chance d’assister à son tout premier show. Le groupe n’a encore rien publié sur les plateformes. Mais malgré cet état de genèse, il s’en est sorti avec les honneurs. La performance respirait le professionnalisme. On sentait qu’ils avaient bien travaillé leur date, mais, surtout, ils dégageaient une certaine aisance sur les planches. Sunroof a servi au public des Grandes Tables – oui, il fallait bien la faire, celle-là – un punk rock efficace et énergique qui, s’il n’est pas particulièrement original, a su remuer bien des têtes. Affaire à suivre.
L’idée d’assister à un festival metal à Marseilles – contrée un peu boudée par la scène extrême – m’a beaucoup plu. J’y ai fait quelques jolies découvertes. Seul petit bémol : il n’y avait que deux scènes et j’ai malgré tout dû choisir entre la programmation des deux. En effet, ces dernières étaient assez éloignées l’une de l’autre et les sets se chevauchaient souvent. Par goût personnel, j’ai privilégié les concerts de la Cordonnerie, c’est pourquoi ils sont davantage représentés dans ma sélection.
Néanmoins, j’espère sincèrement qu’une seconde édition aura lieu l’année prochaine. En attendant, je vous retrouve pour de prochains reports, interviews ou chroniques.
Ciao !
Klo pour BGP MUSIC LIVE
Merci au Photographe et à Nico pour les belles photos !
Crédit photos : Anthony ARBET
La salle s'appelle la cartonnerie pas cordonnerie, et elle a au moins 20 ans 😄