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No Terror in the bang – ChroniK de « ECLOSION »


Métal Cinématographique.

Sortie le 5/03/2020

Label : M&O Music

Distribution : Season of Mist


Un talent sort de l’oeuf. Pour leur première sortie, Eclosion, le sextet de Rouen No Terror In The Bang prend le monde du métal à contrepied, livrant un opus d’une rare délicatesse, plein de nuances et de clair obscurs. Metal cinématographique, comme ils le définissent volontiers eux-mêmes : paysages, plans séquences, atmosphères. Et le son… enfin travaillé comme la lumière d’un film noir : dans les contrastes et les demi-teintes. Des gammes allant de la plus profonde des ténèbres à l’éblouissante lumière. Une réussite totale pour qui aime convoquer des images, les yeux fermés, en se laissant bercer par une Bande Originale qui n’usurpe pas son qualificatif.


On entre dans l’album comme Alice tombe de l’autre côté du miroir : en apesanteur, parmi des objets sonores qui montent et descendent autour de nous, nous faisant perdre tout repère. Après l’énigmatique égrènement des notes de clavier, la voix douce et terrible de Sofia Bortoluzzi nous éveille à un monde bercé de brume accrocheuse et de rayons lunaires. Nappes et basse pulsatoire, vibrantes comme une respiration engourdie, nous ouvrent un chemin parmi les ronces. Pas d’autre choix que de suivre le fil tissé de cette voix retenue, chargée d’une tension palpable et d’un grain auquel ceux qui ont un cœur ne résisteront pas, au risque de se perdre.


Puis c’est la déflagration d’Another kind of Violence, le single choisi par le groupe pour représenter son manifeste musical, où un piano un peu ivre répond subtilement au déchainement d’une guitare définitivement moderne… Les images s’accélèrent, le montage se fait syncopé, la respiration plus courte : le labyrinthe s’est refermé derrière l’auditeur et l’urgence d’en entendre plus nous rattrape. Entre reprises de souffle et course effrénée, la voix prend toute sa dimension métal, poussant le gain à la limite de la brisure et nous conduit, déjà hors d’haleine, au titre suivant qui tient toutes les promesses de ce début d’album.



En deux parties savamment équilibrées, No More Helpfull Peace rejoue la dualité de ce groupe puissamment novateur : une première salve d’une efficacité imparable, avec ses harmonies troublantes sous-tendant des riffs hauts comme des montagnes et tous les registres d’une voix magistralement maîtrisée ; une seconde partie apaisée, lunaire, qui souligne le titre du morceau : dans ce monde au-delà du miroir, tout moment de calme n’est que la promesse d’une tempête à venir et tout repos, un répit provisoire et fragile.

Maintenant que les certitudes sont définitivement brisées, bien malin qui saura à quoi s’attendre par la suite… Le quatuor semble pouvoir tout se permettre : des incursions dans le slam inspiré jusqu’aux interludes instrumentales délicatement dissonantes, des emprunts au jazz vocal jusqu’aux riffs métal chimiquement purs, du plus minimal des arrangements au foisonnement entremêlé de strates sonores. Le synthétique s’invite dans l’organique, des sifflements étranges peuplent cet univers magistralement construit, comme autant de formes insaisissables à la limite du champ de vision…


Tout est musical, tout est inspiré, tout transpire la menace de ce qui peut survenir au détour de la prochaine note comme au prochain méandre du labyrinthe nocturne que dessine l’album comme il se déroule, imprévisible et tumultueux. On adore se perdre dans les tourments de ces six-là, tantôt bercés, tantôt secoués par la voix somptueuse et les paysages sonores qu’elle traverse, comme Alice qui poursuit sa chimère et découvre au passage un monde étrange fait de sensations troublantes, inconnues, terriblement addictives... Les plus sensibles pourront sortir changés de cette « Eclosion » là, et vouloir y revenir encore et encore.


Yann.

Pour BGP MUSIC LIVE




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