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Orrow - Chronik de « MOTIONS»

Dernière mise à jour : 27 févr. 2021


Prog, Djent.

Sortie en Décembre 2020.


Avec cette première sortie solo, l’actuel guitariste de Think Of A New Kind quitte les territoires du death mélodique pour se livrer dans un 5 titres qui se veut intimiste et résolument prog dans la forme et le fonds : à l’agressivité épique se substitue la djent d’un instrumentiste tourné vers l’intérieur. A l’univers débridé de TANK répond un concept introverti ou chaque titre illustre une émotion.


Orrow, le one man band de Thomas Moreau, présente son EP comme une œuvre longuement mûrie, nourrie à la source des énergies vitales qui nous mettent en mouvement, nous impactent, nous font réagir. Force, joie pure, adrénaline, rage et peine, 5 morceaux pour 5 émotions au scalpel de compositions qui s’appliquent à mettre en notes, à découper en mesures et à restituer, le temps de brefs aperçus, les pulsations musicales que les sentiments nous provoquent dans le corps, dans le cœur. Au moment d’entamer l’écoute, la question est soulevée : quelles seront les saveurs de ces élans organiques profondément humains à l’aune d’un style qui ne souffre aucune imprécision : aucune des erreurs, aucun des hasards dont nous sommes faits ?




On entre dans le EP par un titre solide et dynamique : la dextérité des riffs, la liberté du jeu, l’équilibre de la structure font d’ « Alpha » un incipit méticuleusement mené. Il nous donne à entendre un musicien sûr de son art, puisant sa force dans une composition plus légère qu’il n’y paraît, avec ses progressions d’accords radieux et ses chorus inspirés. On sent naître, affleurant sous la précision clinique du jeu, le battement cyclique d’un mouvement résolument entrainant. La machine humaine est en marche.


La joie de « Bridges » et l’excitation de « C9H13No3 » ne se privent pas d’une certaine noirceur (tout plaisir n’a-t-il pas son revers ?) ni d’une forme d’avidité (tout appétit, sa férocité ?)... Mais les battements puissants d’un cœur gonflé à bloc et les respirations de structures plus syncopées nous attirent irrémédiablement vers l’éclatement lumineux d’un chorus jubilatoire pour l’une, hors d’haleine pour l’autre… Les moments les plus forts ne se consument-ils pas le plus vite, nous laissant vides et bourdonnant, à l’image de cet arpège interrompu qui clôt le cycle de ces passions enivrantes ?



Parvenus au sommet, il nous faut maintenant basculer vers l’autre versant de la nature humaine, son côté obscur. « Fortress » nous entraine brutalement dans la pente. La voix de Lukas Magyar (Veil of Maya) apporte à l’EP son unique partie chantée, comme si la colère qui s’y exprime ne pouvait pas rester muette. La guitare se retranche derrière le scream pour mieux surgir par moment, perçante, tranchante comme un rasoir. Tout garde pourtant une troublante et limpide transparence : on navigue entre les strates de la rage comme à travers l’œil d’un microscope, observant tantôt le bouillonnement froid d’une colère contenue, tantôt le déchainement de la violence et l’essoufflement qui s’en suit.


Enfin, comme souvent, l’accablement succède à la colère : c’est « Hollow » qui conclut l’éventail des émotions, semblant les citer toutes en les colorant d’un contrepoint clair-obscur tantôt accablé, mélancolique, tantôt ravageur… On sort de l’écoute avec le sentiment d’avoir certes voyagé à l’intérieur de la machine humaine, mais de l’avoir fait avec un regard étrangement distancié, lucide, analytique… A travers son implacable maîtrise technique, Thomas Moreau nous offre à sa manière une concise évocation des coulisses des sentiments humains, de ces énergies colorées qui nous animent tous… Pour les ressentir à son tour, il revient maintenant à chacun l’impératif d’insuffler l’esprit dans la machine.


Yann.

pour BGP MUSIC LIVE


Liens :

FB https://www.facebook.com/thomas.moreau.4


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